Qui est le menteur qui a érigé en proverbe
Qu'un arbre qui tombe est plus bruyant qu'une forêt qui pousse
Je n'ai trouvé que le silence et un goût de gerbe
Des corps peinés d'échouer à repousser la secousse
Effrayante du passage des machines bruyantes,
Broyant, noyant la Loire
D'une coulée d'asphalte qui fout la frousse

Deux ans après je pose pas les mots
Les luttes se brisent comme des émaux
Le reste du monde suinte le propane
Etais-je dans un Night Shamalan ?
La vie hors de notre village faisait peur
Pouvais-je compter sur les autres comme un auto-stoppeur ?
AG de midi à 19h
Pressions, impasses, c'est normal que tu pleures
Ci-gît une forêt centenaire
L'exploitation est l'arme des décisionnaires
Urgence urgence, parlons stratégie !
On mène pas la danse c'est leurs décisions qu'on subies

Les boomers forgent leur opinion dans un journal local
Résume une pensée complexe pour un article de presse
Protège le bois comme un vigile de supermarché
Ton courage n'est rien face aux lois du marché
Etudie chaque mot d'une étude d'impact
Le droit offre souvent plus de résultats que des tracts

Ecoute un vieux admiratif de la jeunesse
T'ordonner ce qu'il faut qu'elle fasse pour que tout cela cesse
Vois tes camarades se remplir d'ambitions
Tout en prônant les principes de l'autogestion.
Sent le souffle de la voracité extractiviste
Détruire jusqu'à l'âme de nos collectifs activistes
Les bonnes paroles peuvent avoir un goût de pisse
Si c'est dans des procédés virilistes qu'elles croupissent
Les femmes et les faibles font mais ferment leur gueule
Pendant qu'un gourou prends possession du public, seul.

Seul c'est où en on est.
Après le désastre suit la nausée
Dispersés comme des animaux sauvages
Je prends la route, je sais qu'elle naquit d'un abattage.

Subir le monde des nantis
Est moins révoltant qu'être trahi
Les radicaux prêchent comme des convertis
Ils délaissent le soin et l'empathie

Pour eux, la douleur est norme
La prise de risque doit être énorme
Contester doit coûter au sujet
Souffrir équivaut à vertueusité

Ils hiérarchisent les militants
A leur quantité de souffrance
Si les concours de protubérance
disparaissaient de nos résistances
On pourrait prendre de la distance
Etre plus efficace et moins discriminant

Les ratés ne sont pas qu'entre leurs mains
Ni de ceux qui disent l'air malin
Que ce débat frictionnel
Se résume à des conflits interpersonnels

Grève, sabotage ou occupation,
Nos actions ne sont plus des transformations
Il ne reste souvent de nos désobéissances
Que la triste pratique de l'impuissance

La violence des décideurs est rude
Ceci explique peut-être votre attitude
Dans un monde bâtit sur le mérite des vainqueurs
Les défaites resteront toujours un crève-coeur

Y'a pas de problème dans une équipe qui gagne,
Fermons les yeux et les soucis stagnent
Les troupeaux d'aveugles peuvent soutenir un bourreau
Un chef malhonnête menacer un avocat auprès de son barreau

Allez, mutualisons les débâcles
Mais privatise pas la victoire
Votre volonté d'être au pinacle
Nous fais prendre une autre trajectoire

Comme un couple sans capote
J'ai pratiqué le retrait
Dans le silence je n'ai eu qu'un regret
De ne pas avoir crié ma haine aux despotes
Pour ne pas nuire
A un combat qui se doit de séduire
Je vous écoute bâtir de nouvelles histoires
Où les disparus sont devenus le dépotoir
Je vous suis et vous ne fonctionnez pas
A la méconnaissance mais au déni
Vous ne voyez vraiment pas
Qu'à force de demander de l'énergie
Vous n'avez obtenu que des pertes.